World War Z
Auteur : Max Brooks
Editeur : Le Livre de poche
544 pages
7.50 euros
La guerre des zombies a eu lieu et les morts ont emporté avec eux une large partie de l’humanité. Douze ans après cette Zeme Guerre Mondiale, un homme mandaté par l’ONU parcourt le monde pour rassembler les témoignages des survivants.
Très déçue par le Guide de survie en territoire zombie du même auteur, c’est avec beaucoup de réserves que j’ai commencé World War Z. De prime abord, la structure même du livre n’est guère excitante : nous avons affaire à des témoignages, il n’y aura donc pas de héros, pas d’intrigue à proprement parlé ou de structure romanesque incitant à tourner les pages de ce joli pavé. Mais voilà , l’auteur s’en excuse presque dans son introduction : son rapport est « beaucoup trop humain ». Il a compilé des données économiques, sociales, écologiques et politiques, certes, mais surtout, il a laissé la parole à des témoins directs de la guerre. Il n’y a pas un héros, non, il y en a plus de quarante !
World War Z est un récit total. Max Brooks s’amuse à imaginer les conséquences probables d’une invasion zombie sur Terre. A travers des histoires courtes et toniques, alternant le point de vue militaire, politique ou civil, il frappe juste. C’est dynamique et surtout, étrangement plausible. En refermant le livre, on a le sentiment d’avoir effectué un tour exhaustif de la question, et ce, sans jamais éprouver ennui ou lassitude. L’auteur réussit l’exploit de nous rendre attachant ces nombreux personnages. Le temps de quelques pages, on s’investit à leurs côtés et on tremble à l’évocation de leurs souvenirs glaçants. C’est avec regret qu’on abandonne tel homme ou telle femme pour passer au témoignage suivant. Et pourtant, quelques minutes plus tard, on est happé par une autre ambiance, un autre récit.
C’est le seul « reproche » que j’adresserai à World War Z : toutes très puissantes, les histoires se concurrencent, voire se piétinent les unes les autres. Ce foisonnement conduit à oublier certains récits, pourtant très impressionnants sur le moment. Selon sa sensibilité, on retiendra alors telle ou telle histoire. En vrac des images à la fois belles et terrifiantes : les zombies gelés dans les glaces des pays froids ou ceux qui hantent les fosses océaniques ; des situations extraordinaires et étouffantes : la vie dans un sous-marin ou dans un satellite ; les inventions des différents corps de métier : tacticiens, militaires, réalisateurs de cinéma, dresseurs de chiens…
On le comprend, sur le plan de l’imagination, c’est brillant, mais sur le plan de l’écriture ? Max Brooks n’est pas en reste. Quel coup de patte pour conclure chacune de ses histoires ! Les dernières lignes de chaque récit m’ont bien souvent fait frissonner d’émotion. Et que dire de la prouesse stylistique ? L’auteur multiplie avec talent des tons très différents. Le livre varie les « premières personnes ». Sans sombrer dans la caricature, il fait résonner des voix bien distinctes, à la fois belles et poignantes, mais aussi très justes.
Divertissant, émouvant, inventif, intelligent, World War Z est indispensable, même si on n’aime pas spécialement les zombies. Car sa très grande force, au final, c’est son humanité.