Myst̬res et Mauvais Genres РElie Darco

[rating=4]

Mystères et Mauvais Genres, anthologie

Dirigée par : Elie Darco
Editeur :
Sombres Rets
Collection : Nuit Noire
Format : 15 x 21cm
264 pages
Prix : 16 €
ISBN : 978-2-918265-04-7

Une anthologie qui permet à de jeunes plumes de la science fiction francophone de s’exprimer est chose trop rare pour être passée sous silence. Les Editions Sombres Rets récidivent ainsi avec un très bel ouvrage : Mystères et Mauvais Genre. C’est en effet un livre que l’on a plaisir à manipuler, avec une couverture d’Elie Darco (qui est aussi l’anthologiste) pleine de mystère justement. Elle est également la maman des illustrations intérieures et l’on n’a pas besoin d’une paire de jumelles pour comprendre que l’on a affaire à une artiste de talent.

Il faut saluer le courage de ces petites maisons d’éditions (Sombres Rets, Editions du Riez, Rivière Blanche…) qui seules, offrent aux auteurs débutants l’opportunité d’être publiés. Il est certain qu’éditer un parfait inconnu doit donner des boutons aux dirigeants de Bragelonne ou de Folio SF dont les politiques éditoriales (peut-on vraiment parler de politique éditoriale ?) consistent à publier à tour de bras des classiques sans risques ou de la fantasy américaine ennuyeuse au possible. Tout cela pour souligner combien le vide laissé par le Fleuve Noir Anticipation est béant.
Mais revenons à notre anthologie. Comme tout recueil de ce genre, le contenu est inégal, mais on ne trouve pas de texte franchement mauvais. Paradoxalement, je pense que le plus faible est celui de l’auteur le plus connu. Mais surtout il y a quelques pépites…

La première, magnifique, Le Marchand de Secrets, de P.R Tohril est une extraordinaire descente aux enfers, toute en poésie, et qui laisse à la fin de la lecture un souvenir presque douloureux. J’ai lu quelque part sur un forum que l’on en avait trouvé la chute prévisible. Bon, je dois être plus con que la moyenne, car j’ai été totalement pris au piège. Mais je n’ai pas l’âme d’un béta-lecteur, je ne cherche pas la vraisemblance à tout prix ni à couper les cheveux en quatre. Ces textes sont là pour nous faire rêver, alors pourquoi leur résister ?

Autre titre à retenir, Le corail d’Altawyris qui nous fait pénétrer dans l’univers galactique de Bruno Grange à travers une enquête plutôt haletante. Alors là, nous avons typiquement un auteur qui aurait fait les beaux jours du Fleuve, pour peu qu’il ait continué à couler.

Quelques nouvelles plus loin, on tombe sur une histoire truculente de cette petite coquine d’Aurélie Wellenstein Vade Retro Satanas ! (retenez bien ce nom !) qui nous fait un patchwork de loup garou, de château hanté, de belle au bois dormant (pas si belle que çà…) avec un humour digne de Tex Avery.

Puis vient le texte majeur de cette anthologie : L’inspecteur Bernère contre la mort de David Osmay où comment, en quelques pages, renouveler complètement le thème des zombies. Tout est remarquable ici, sous l’allure conventionnelle d’une enquête policière. Le décor, l’ambiance, les petits détails – ah, la Volvo gris métallisée dans ce monde de cauchemar ! – l’invention permanente qui pulvérise les standards du genre. Vraiment une nouvelle magnifique.

Pandémonium City d’Anne Goulard raconte aussi une histoire qui navigue entre deux mondes avec une évocation très forte d’un Londres plus qu’étrange. Un texte prenant, plein de rebondissements, original.

Je taxerai du même adjectif celui de Richard Mesplède Quinte Flush qui transpose le fantastique dans l’Ouest américain au bon vieux temps des bandits et des chasseurs de primes.

Le thème des vampires est abordé de façon curieuse par Ombeline Duprat avec Samba Luna qui situe dans le joyeux désordre d’un carnaval brésilien l’action d’une de ces créatures avide non pas de sang, mais de quelque chose de plus… corsé. Une belle idée pas très facile à traiter. Ombeline s’en sort bien.

Enfin, pour conclure cet excellent ouvrage, Cyril Carau nous livre une histoire très personnelle, qui elle n’a rien à voir avec la SF ou le fantastique, Un homme fort, mais qui est écrite avec beaucoup de sensibilité et de nostalgie.

Voilà donc l’occasion de découvrir des talents d’aujourd’hui, ignorés avec dédain par les maisons d’éditions professionnelles. Ne ratez pas cette anthologie, ce n’est pas tous les jours que ce plaisir s’offre à nous.

Pour discuter de l’ouvrage ou de la critique

Publié dans Polar - Thriller, Science-Fiction | Permalien |

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *