Séparation de corps – Richard Nolane

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Séparation de corps

Auteur : Richard D. Nolane
Editeur : Rivière Blanche
324 pages
20 €
ISBN : 978-1-935558-63-7

Nolane est un vieux routier de la SF et du Fantastique, qui verse plutôt aujourd’hui du côté de la BD. Mais les démons anciens ne veulent pas le quitter et, régulièrement, il continue de donner à diverses revues quelques textes, dont certains, relativement récents, sont rassemblés dans ce recueil. Celui-ci propose une réédition de son court roman Les Démons d’Abidjan, paru jadis de manière un peu rocambolesque dans feu la collection « Gore ». Dans son cahier des charges, celle-ci exigeait son quota de scènes bien atroces, nous ne serons donc pas déçus par Les Démons d’Abidjan qui nous livrent leur lot de tripailles et dépeçages contractuels. Mais ce n’est pas l’important, car ce qui compte, c’est que Nolane est un raconteur d’histoires né. Dans un environnement qu’il connaît bien pour y avoir vécu, il met en scène une histoire très prenante de vengeance à travers un instrument plutôt redoutable, pur produit de la magie africaine. Pour avoir traîné jadis mes guêtres en Côte d’Ivoire, je ne puis que saluer le souci du détail, la vraisemblance des décors, tous ces petits riens qui, rassemblés, concourent à la crédibilité du contexte où se situe l’action. En le relisant me revenaient à l’esprit les images de cette cour des miracles qu’était Abidjan, situation qui n’a pas dû aller en s’améliorant depuis.

La suite de ce recueil nous permet de découvrir les thèmes de prédilection de l’auteur. Nolane évolue en effet dans le fantastique et le policier noir, quelquefois à la limite des deux genres. Il manifeste également un intérêt certain pour le paranormal – élève de Jimmy Guieu oblige – et pour quelques figures légendaires comme Jack l’Eventreur. Comme dans toute anthologie, les nouvelles qui la composent ne se situent pas forcément au même niveau de qualité, mais si l’on considère l’ensemble, on a tout de même affaire à des textes de bonne tenue. Prenons par exemple Ce qui est dans la monstrance : on suit une histoire dont la tension monte crescendo, accompagnée d’une véritable atmosphère d’angoisse, le tout traversé par un personnage consistant, avec une vraie vie intérieure et qui se retrouve à la croisée des chemins. J’ai juste regretté que la fin soit un peu précipitée. C’est d’ailleurs le point faible d’un certain nombre de textes, comme Transcommunication qui offre néanmoins une belle et lente progression vers l’inquiétude, sur une idée de base originale. Mais l’Heure de l’Eventreur démontre, s’il en était besoin, que Nolane a la capacité de réussir un texte du début jusqu’à la fin en revisitant un de ses thèmes favoris. J’ai parlé du genre policier, et l’auteur s’y adonne avec une histoire digne des meilleures heures de « Mystère Magazine » : Une Histoire Chinoise. Celle-ci illustre le souci de la vraisemblance qui l’anime, car les situations qu’il dépeint s’appuient sur une documentation solide, constituant ainsi la base indispensable à partir de laquelle il peut ensuite échafauder les fantaisies les plus échevelées.

Un bon moment de lecture donc, d’un auteur trop rare et qui sera invité d’honneur lors de la prochaine « Zone Franche 2011 » à Bagneux.

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