L’Etrange Vie de Nobody Owens – Neil Gaiman

L’Étrange Vie de Nobody Owens

Auteur: Neil Gaiman (traduction de Valérie le Plouhinec)
Albin Michel, Collection Wiz, 2009 (traduction), 2008 (édition originale)
310 pages, 13.50 euros
ISBN: 978-2-226-18954-7/6134647

Tandis que toute sa famille est assassinée, un tout jeune enfant réussit à trouver refuge dans le cimetière voisin. Recueilli par les Owens, un couple de spectres victoriens n’ayant jamais eu d’enfant de leur vivant et qui le baptise Nobody (ou Bod pour faire plus court), il va grandir parmi les revenants. Entouré de ses parents adoptifs et de son tuteur Silas (qui n’est ni vivant ni mort et dort dans une boite) il deviendra l’ami d’une sorcière brûlée vive, apprendra à se méfier des goules, à parler le langage des Bêtes de Nuit et à maitriser la magie des fantômes. Mais le monde intrigue de plus en plus Nobody alors qu’il quitte l’enfance. Or celui-ci est très dangereux, car Jack, le meurtrier de ses géniteurs, ne l’a pas oublié.

On ne présente plus Neil Gaiman. Romancier et nouvelliste (Neverwhere, American Gods, Anansi Boys, Miroirs & Fumées), scénariste de BD (Sandman, les Éternels, 1602), les facettes de son talent sont multiples. Ici, c’est à l’écrivain pour enfants que nous avons affaire, un domaine qui lui doit le magnifique Coraline . Le titre français dissimule un aspect notable du livre, qui s’intitule The Graveyard Book  dans la langue de Shakespeare. Le lien avec le Livre de la Jungle de Kipling (lequel n’a que peu de choses à voir avec le film éponyme de Disney si vous ne le saviez pas déjà) est en effet évident et il est amusant de distinguer les parallèles entre les personnages de Gaiman et ceux du papa de Mowgli. Silas le taciturne fait souvent penser à la panthère noire Bagheera, le cimetière dissimule un serpent aussi dangereux que Ka et les goules font furieusement penser aux sujets du King Louis. Mais au-delà de l’hommage, il y a la magie de l’écriture de Gaiman qui fait mouche une nouvelle fois. Le livre recèle en effet de petits miracles de poésie, des touches toutes « gaimaniennes » qui donnent une autre dimension au bouquin derrière l’histoire pour enfants. Un ouvrage à double lecture donc dans lequel aussi bien les grands que les petits trouveront leur compte.
Je dois avouer humblement que Neil Gaiman est probablement mon auteur préféré, et je n’ai pas été déçu par ce « Graveyard Book » qui renferme tout ce que cet auteur a de si particulier. Le livre est certes destiné à un public adolescent et on y dénichera pas toute la même matière que dans « Neverwhere » ou « American Gods », mais il contient malgré tout davantage que certaines « coquilles vides littéraires » qui hantent les tables des librairies (j’ai des noms, le jour où je vais tout balancer, ça va péter c’est moi qui vous le dit… 😉  ). Vous pouvez donc investir sans arrière-pensées dans ce très joli livre qui est de plus rehaussé par les superbes illustrations à l’encre de Chine de Dave McKean, ce qui ne gâche rien.

 

Publié dans Romans | Permalien |

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