Les six druides et la puissance dominatrice – F.B. Vincent

[rating=1]

Les six druides et la puissance dominatrice
Tome 3 du cycle
Auteur : Vincent F.B
Les éditions la Frémillerie
412 pages
Format : 13,5 x 20 cm
20 euros
ISBN:
978-2-35907-014-9

L’heure est venue de la parution du troisième tome du cycle des Six druides de F.B. Vincent, dont les prĂ©cĂ©dents ont Ă©tĂ© chroniquĂ©s ici et ici par votre serviteur. Restait Ă  voir ce que ce nouvel opus a dans le ventre, c’est dĂ©sormais chose faite.

Autant le dire tout de suite, la déception est de mise. A cela, il y a plusieurs raisons:

– L’auteur persiste dans nombre de ses dĂ©fauts d’Ă©criture au lieu de s’amĂ©liorer comme il l’avait fait du 1° au 2°. Quand on en est Ă  sa troisième parution, le lecteur est en droit de s’attendre Ă  mieux. A ce titre, ce qui Ă©tait auparavant Ă  peu près pardonnable sous prĂ©texte qu’il s’agit des premières publications ne l’est plus.
DĂ©jĂ , le problème des accords imparfait/passĂ© simple est toujours un dĂ©faut rĂ©current venant gâcher la lecture. Une correction beaucoup plus approfondie n’aurait pas Ă©tĂ© du luxe, quitte Ă  passer plus de temps sur le manuscrit. Il s’agit d’un dĂ©faut majeur, qu’il faut que F.B. Vincent règle de toute urgence s’il veut persĂ©vĂ©rer en tant qu’auteur et auquel son Ă©diteur doit prĂŞter grande attention s’il dĂ©sire une bonne qualitĂ© de ce qu’il publie. Il ne s’agit peut-ĂŞtre pas lĂ  d’Ă©crire des chefs-d’Ĺ“uvre, mais au minimum faire en sorte que les règles du français soient appliquĂ©es pour une meilleure lisibilitĂ©.
Soulignons Ă©galement le ton trop didactique employĂ© Ă  intervalles frĂ©quentes par F.B. Vincent. Balancer au lecteur des pavĂ©s d’explications pour dĂ©tailler le fonctionnement de l’univers du roman, ou adopter un discours moralisateur sur les valeurs et vertus du Bien (parfois Ă  la limite de la niaiserie) s’avère indigeste et pĂ©nible Ă  supporter. D’accord il y a besoin d’Ă©claircissements, un Ă©ventuel message Ă  faire passer au lecteur; encore faut-il doser le tout avec justesse, d’autant qu’il n’est pas rare d’avoir droit Ă  un certain nombre de rĂ©pĂ©titions sur les mĂŞmes sujets, ce qui alourdit encore la lecture et gâche les quelques trouvailles intĂ©ressantes.

– Les personnages s’enlisent dĂ©sormais dans une psychologie rĂ©duite et stĂ©rĂ©otypĂ©e alors que cet Ă©cueil avait Ă©tĂ© Ă©vitĂ© dans les tomes prĂ©cĂ©dents. Chacun incarne le Bien ou le Mal sans beaucoup d’individualitĂ©, cette dernière Ă©tant Ă  prĂ©sent rĂ©duite Ă  l’expression d’une faille -le plus souvent d’origine familiale et/ou sentimentale-. Les protagonistes manquent donc tous cruellement d’intĂ©rĂŞt, y compris l’Élu pourtant en thĂ©orie davantage torturĂ© que les autres…
Encore une fois, tout parait trop Ă©vident aux druides, et cet aspect dĂ©jĂ  soulignĂ© dans le 2°tome va en se renforçant Ă  mesure que l’on progresse dans l’histoire. Ils savent toujours ce qu’ils ont Ă  faire, guidĂ©s par leurs certitudes et le reste, ne dĂ©rivant pas d’un iota de leur ligne de conduite quelle que soit la situation. Bref, leur manque de profondeur est patent Ă  chaque intervention et devient lassant.

Parlons d’ailleurs des interventions des druides! Ils sont toujours Ă  dĂ©barquer partout dans un grand nuage de fumĂ©e pour Ă©changer des propos aussi dĂ©goulinant de bons sentiments qu’un shamallow grillĂ© et Ă  se dire que le/la collègue qu’ils viennent de rejoindre est en fait très puissant(e), faire une pseudo-dĂ©claration fracassante, ou dĂ©clarer que le Mal c’est pas bien (variante: « ah, tu es vilain, je te chasse de mon espace! »). La pauvretĂ© de ces Ă©changes (les deux tiers du livre) Ă  la structure invariable et rĂ©pĂ©titive finit Ă  la longue par s’avĂ©rer pĂ©nible…

– ConsĂ©quence du point prĂ©cĂ©dent, l’histoire aurait pu ĂŞtre condensĂ©e en 200 pages (voire moins) au lieu de 400. En effet, la moitiĂ© des scènes n’apporte rien ou lance des pistes non-exploitĂ©es par la suite. Par exemple, la scolaritĂ© de l’Élu est Ă  peine survolĂ©e alors qu’elle aurait mĂ©ritĂ©e d’ĂŞtre approfondie pour faire gagner en profondeur le personnage. La pertinence des scènes laisse en consĂ©quence Ă  dĂ©sirer et conduit Ă  produire un scĂ©nario plus que prĂ©visible, ce qui n’Ă©tait pas le cas auparavant et renforce la dĂ©ception.

En fait, le seul point positif que j’ai trouvĂ© aux « Six druides et la puissance dominatrice » est son twist final (mĂŞme si on le voit venir de très loin), mettant en brèche la ProphĂ©tie initiale. C’est assez rare en fantasy pour ĂŞtre soulignĂ©, malheureusement cela ne suffit pas Ă  sauver le livre, car la façon dont la fin est menĂ©e souffre de tous les dĂ©fauts Ă©voquĂ©s prĂ©cĂ©demment.

Que retenir de ce troisième tome alors? Disons que l’intrigue du cycle avance et que quelques bonnes idĂ©es Ă©mergent en filigrane, mais en dehors de cela l’intĂ©rĂŞt suscitĂ© par les deux prĂ©cĂ©dentes parutions s’est perdu Ă  la lecture de celui-ci.
Gageons que l’auteur saura se ressaisir pour la suite pour nous faire oublier l’impair qu’est « Les six druides et la puissance dominatrice », car une revisite du mythe arthurien et de Merlin l’enchanteur avec de bonnes idĂ©es de dĂ©part a toujours du potentiel. Reste Ă  voir maintenant ce qu’en fera F.B. Vincent…

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Publié dans Romans | Permalien |

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