La marque de la bĂŞte – Charlotte Bousquet

[rating=4]

La marque de la bĂŞte

Charlotte Bousquet
Mango
260 p.
9 euros

Difficile et douloureuse situation que celle de la jeune Bruna : sa mère est morte en la mettant au monde ; son père, fou de chagrin, sombre dans l’alcool. Un soir, lorsque l’homme tente d’abuser sa propre fille, l’adolescente se défend et le tue accidentellement. Elle s’enfuit alors en emportant les deux choses auxquelles elle tient le plus : la fourrure du Moroch – un trophée de chasse de son père qui la réconforte comme un « doudou » – et quelques feuillets de son philosophe préféré. Munie de ces maigres trésors, elle s’enfonce dans la forêt.

Au fil des jours qu’elle passe terrée dans les bois, Bruna perd en raison et gagne en pulsions. Comme un symbole de son délitement psychologique, elle est obligée de brûler, feuille après feuille, les pensées du philosophe pour allumer des feux de camp. La mort de son père l’obsède ; l’homme la poursuit en rêve… Rongée par la culpabilité, elle s’en remet entièrement à son noir protecteur : le Moroch. La bête reprend vie comme elle puise une nouvelle énergie vitale, à même les épaules de la jeune femme. Protégée par son aura bestiale, puis envahie par son essence primitive, Bruna devient « la sauvageonne ». Mais la petite fenêtre derrière laquelle miroite l’humanité n’est pas fermée. Et son cœur balance.

Servi par une écriture élégante et stylée, très féminine, le récit frappe par l’attention portée à la psychologie de son héroïne. L’essentiel de l’histoire repose sur la dualité du personnage, à la fois séduite par la « marque de la bête », mais qui refuse de se dépouiller pour autant de tout souvenir humain. On est loin des simples contes qui ont inspiré le récit : « Peau d’âne » et « Peau de mille bêtes »… L’héroïne de Charlotte Bousquet a une véritable épaisseur, et dans la métaphore du Moroch, on lit en toute transparence la part d’ombre qui sommeille en chaque homme.

Edité par Mango et donc classé en jeunesse, ce livre met en scène des thèmes durs (inceste, viol) qui le destinent à un public relativement averti. L’approche est néanmoins très sensible et féminine.  Une histoire forte et fine, à faire lire aux filles… et aux garçons.

Pour discuter de l’ouvrage ou de la critique

Publié dans Romans | Permalien |

Ă€ propos de Arya

Chroniqueuse et auteur

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *