Janua vera – Jean-Philippe Jaworski

[rating=5]

Janua vera

Auteur: Jean-Philippe Jaworski
Ed.Les moutons Ă©lectriques 2007
Folio SF 2008 -Édition augmentée
488 pages
ISBN 978-2-07-035570-9
De temps en temps, il y a des livres qui vous marquent. Le dernier Ă  m’avoir laissĂ© des traces indĂ©lĂ©biles est La Horde du Contrevent d’Alain Damasio. Et puis, le mois dernier, alors que la bise tentait une percĂ©e sous les Ă©charpes et les gants de laine, j’ai ouvert Juana Vera. C’est un recueil de sept nouvelles, paru en 2007, se dĂ©roulant toutes dans un mĂŞme monde: Le Vieux Royaume.
Chaque texte raconte l’histoire d’un personnage diffĂ©rent: Roi, scribe, assassin, barbare… et le tour de force de l’auteur est d’arriver Ă  crĂ©er des ambiances totalement diffĂ©rentes Ă  chaque fois en nous faisant passer par toute la gamme des sentiments : peur, tristesse , angoisse, rires… Jaworski  aborde, en se frisant les moustaches, tous les styles passant du roman courtois Ă  la ChrĂ©tien de Troyes dans Le Service des dames, avec son noble chevalier qui dĂ©fend la veuve et l’orphelin, au clin d’Ĺ“il Ă  Terry Pratchett dans Jour de guigne avec son scribe qui connait une loose terrible. C’est impressionnant. Tout comme la prĂ©cision de l’Ă©criture, vĂ©ritable bijou de prĂ©cision, oui, c’est ça, de l’horlogerie.

Il faut dire que le bougre a du fond. Ancien rĂ´liste, il a crĂ©Ă© le jeu de rĂ´le Tiers Age ainsi que Te deum pour un massacre qui se dĂ©roule pendant les guerres de religions. Il se documente beaucoup et en connait un rayon sur le monde mĂ©diĂ©val. Il a mĂŞme jouĂ© en grandeur nature c’est dire qu’il sait de quoi il parle. Et vous aussi vous saurez ce qu’est un troussequin, ou encore un vireton.

Au niveau ambiance et style, on est très loin de la fantasy anglo-saxonne (Eddings, Feist, Goodking) avec ses dragons et ses boules de feu. On nage ici dans de la fantasy réaliste.

Le gros morceau du recueil est la nouvelle Mauvaise donne qui narre, Ă  la première personne,  les aventures d’un assassin de base. Au cours d’une simple mission,  Benvenuto Gesufal se retrouve en plein complot politique ou il n’y comprend goutte et il tente de sauver sa peau. On s’attache facilement aux basques de ce Benvenuto , bourrĂ© d’humour, teigneux et victime, oh combien finaude, qui ne compte pas se laisser trucider. Un personnage que l’on retrouve dans le roman Gagner la Guerre paru l’an dernier aux Moutons Electriques et qui lui aussi reçu des critiques dithyrambiques.

Avant de conclure je donnerais juste un petit avertissement Ă  propos de la première nouvelle Janua Vera (« la nouvelle porte »), qui donne son titre au livre. Elle sert d’introduction et elle est Ă©crite dans un style d’Ă©popĂ©e qui pourra en rebuter certains.

Juana Vera, qui a reçu le prix du Cafard Cosmique 2008, est du pur bonheur et il porte haut l’Ă©tendard de la fantasy française, haut les cĹ“urs !

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Ă€ propos de Philippe Goaz

Chroniqueur et auteur SFFF

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