Jakabok, le D̩mon de Gutenberg РClive Barker

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Jakabok, le Démon de Gutenberg

Auteur: Clive Barker

(traduction de Jean-Pierre Pugi)
Denoël,

collection Lunes d’Encre 2010 (traduction), 2007 (édition originale)

218 pages, 19 euros
ISBN: 978-2-20726057-9

Jakabok est un diablotin du Neuvième Cercle de l’Enfer. Battu par son père, il consigne sa haine pour son géniteur par écrit dans des feuilles qu’il cache. Le jour où il décide d’y mettre le feu pour les faire disparaitre, l’auteur de ses jour découvre l’outrage et précipite son fils la tête la première dans le brasier, le mutilant horriblement. Fuyant une demeure plus hostile que jamais, il est capturé par une bande d’inquisiteurs zélés qui le ramène dans le monde d’en haut, un univers qu’il ne connait pas du tout. Accompagné dans son périple en surface par Quitoon, un diable de haut rang, il va découvrir, un peu à la façon du Candide de Voltaire, la société des hommes et sa cruauté qui n’ont rien à envier à celle des démons. Jusqu’à ce que sa route lui fasse croiser celle de la plus incroyable des inventions jamais sorties d’un esprit humain.

Presque dix ans après Coldheart Canyon, et après deux romans pour enfants, Clive Barker nous revient enfin dans un registre plus « adulte ». Le résultat est quelque peu étrange et inattendu, une sorte d’ovni dans la bibliographie de cet auteur. On retrouve la plupart des thèmes récurrents de Barker : des scènes parfois très violentes, des personnages hauts en couleurs (et bien souvent homosexuels), l’ambiguïté du bien et du mal ainsi qu’un personnage paternel malfaisant (et même carrément diabolique dans le cas présent). Ce livre est réellement inhabituel. Pour commencer, il « parle » à son lecteur. En effet, comme on l’apprend dès les premières pages, Jakabok, le diablotin narrateur (et incroyable looser à l’échelle démoniaque) est captif du livre et il exhorte son vis-à-vis à détruire l’ouvrage qu’il tient entre les mains. Si l’effet est plaisant, il devient un peu répétitif et commence à fatiguer un peu la dixième fois qu’il est employé.

La narration est également différente de ce que Barker fait habituellement. Lui qui avait toujours opté pour des récits à la troisième personne nous livre une confession à la première personne. Un pari difficile car il est exclu que le lecteur s’identifie à ce diablotin qui passe son temps à l’interpeler. Le ton est lui aussi très différent, bien loin du « splatterpunk » dont Barker est l’un des papes. En fait, on retrouve un peu la couleur de sa nouvelle le cacodémon  dans Les Livres de Sang, un texte lui aussi unique dans sa bibliographie.

Au final, il en résulte un roman plaisant bien qu’un peu court, mais qui n’a pas la patine d’un Barker. Bien que fan de cet auteur, j’en suis ressorti un peu déçu. Peut être parce que j’attendais mieux du retour d’un « maître » de ce calibre. Espérons que son prochain livre concrétisera ces espoirs.

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Publié dans Romans | Permalien |

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