Galaxies nouvelle série No 34/76
Période : mai 2015
ISSN : 1270-2382
Format : 13,5 x 21
Pages : 192
Prix : 11€
Encore une fois nous pouvons apprécier un numéro bien rempli de Galaxies. Les 192 pages se composent d’un dossier sur SF brésilienne, réalisé par JP Laigle, de 6 nouvelles (dont 2 d’auteurs bérisiliens), de plusieurs articles dont un sur Alain Delbé et un sur le musicien Edgar Froesse, récemment disparu, de notes de lecture et d’un bel hommage à Michel Jeury par des auteurs et acteurs du fandom qui l’ont bien connu.
Je répare tout d’Yves-Daniel Crouzet nous conte l’histoire de Sandy, une jeune fille à l’étrange capacité de pouvoir tout réparer, comme l’indique le titre de la nouvelle. Dans un bled paumé et rural, dans un contexte post-apocalyptique, Sandy met au service de tous ses incroyables dons. Elle doit aussi faire avec son père, un gars à la main leste. Quand s’installe une nouvelle famille, celle de Nelson, dans une ferme voisine, c’est l’occasion pour Sandy de nouer avec d’autres gens, de découvrir l’amitié, plus peut-être. Mais Sandy est surtout la protectrice du village, notamment contre les hordes de sauvages qui attaquent, dévastent tout sur leur passage.
J’ai beaucoup apprécié ce superbe texte de Y-D Crouzet, empreint de poésie, de surprises, d’ouverture sur l’autre.
Deathbook de Philippe Curval
Grâce aux réseaux sociaux, on peut maintenant discuter avec ses défunts, et Guy ne s’en prive pas. D’abord sa mère, puis son oncle qu’ils harcèlent afin d’obtenir en héritage un livre qui l’obnubile. Ce biais original permet à P. Curval de passer à la moulinette les travers des petits bourgeois, tel Balzac en son temps, car si Guy est un être assez abject et minable, le reste de sa famille ne vaut pas mieux quand on voit les chicaneries et autres mesquineries qui entourent cette affaire d’héritage. De plus, l’habileté et le sens de la mise en scène de l’auteur donne lieu de savoureux moments. J’en livrerai un seul, au début du texte, pour ne pas spolier : le plaisir que prend la mère morte à être dévorer par les vers. À noter qu’il s’agit d’une nouvelle à chute.
Des pierres plein les poches de Vajra Chandrasekera
Dike travaille dans une station spatiale aux confins du système solaire, ce qui lui permet de communiquer avec son grand-père qui a quitté la Terre depuis des décennies, bien avant la naissance de Dike. L’aïeul, en effet, voyage à l’autre bout de l’univers. Or, il a fait récemment la rencontre avec une autre espèce et avertit son petit-fils. Je n’en dévoile pas plus pour ne pas livre la chute.
Ce texte très SF, assez ambitieux de par son background et ses thématiques souffre, hélas ! d’un défaut : il est volontairement alambiqué. Du coup, j’ai un peu peiné à sa lecture et peu apprécié l’ensemble. Dommage !
Le Bazar aux Merveilles d’Alastair Baffle de Mike Resnick
Silver et Gold sont deux vieillards amis depuis presque toujours. Ils vivent ensemble dans une maison de retraite et se souviennent des jours anciens, notamment de leur première rencontre dans la boutique de magie de l’étrange Alastair Baffle. Un jour, avant de trépasser, ils décident d’y retourner. Le trajet est toute une expédition en raison de leur état de santé déplorable, Maury Gold se meurt d’un cancer. Finalement, ils arrivent au centre commercial, mais évidemment la boutique a disparu. Or, les deux hommes ne s’avouent pas vaincu et ils parviennent à trouver le nouvel emplacement de ce bazar s’en pareil. Et ô surprise ! Alastair Baffle n’a absolument pas changé, et il les gratifie de tours de magie sidérants, sensationnels. Peu à peu, Gold se sent de mieux en mieux, il semble même rajeunir.
Je n’en dis pas plus, mais cette nouvelle qui revisite le mythe de Faust est un pur bonheur, une véritable pépite d’or.
La sirène de l’espace de Jorge Luiz Calife
Une spationaute française, Niçoise précisément, Nicole part sur Triton pour une mission périlleuse. Hélas, elle rencontre une entité parasite et visqueuse qui fusionne avec elle. Assoiffé de sentiment, d’amour l’être symbiotique revient sur Terre, à la recherche de Gustave, l’amoureux de Nicole.
Le côté délirant, surréaliste de cette nouvelle, de même que son exploration du thème de la macrophilie rendent la lecture de l’ensemble assez agréable.
Comme la neige en mai de Roberto Schima
Dans un univers post-apocalyptique, glacé, enneigé, grisâtre, le jeune Erasmo fait la rencontre d’Eva, une femme plus âgée que lui. On découvre peu à peu ce monde, qu’il a subi une terrible guerre, le passé d’Eva, l’évolution de leurs sentiments.
Le tout m’a paru inutilement long et la chute sans surprise. En fait, j’ai eu l’impression que le background et le contexte SF était des prétextes et que cette nouvelle n’était qu’un banal texte sentimental.
L’hommage à Michel Jeury est un des points forts de ce numéro de par l’émotion qui découle de plusieurs des témoignages. De même certains des auteurs reviennent sur l’œuvre et l’importance des écrits de Michel Jeury. Ce qui permet à la fois de (re)découvrir l’homme et l’auteur.
Encore un numéro réussi de Galaxies !