Et pour quelques Gigahertz de plus – Ophélie Bruneau

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Et pour quelques Gigahertz de plus…

Auteur : Ophélie Bruneau

Editeur : Editions Ad Astra

Prix : 20 euros

Pages : 220

ISBN-13: 978-2919241057

 

Il est toujours bon de saluer le courage des petits éditeurs qui offrent à un nouvel auteur l’opportunité d’une première parution. Avec cet ouvrage, les Editions Ad Astra livrent une histoire solide, rondement menée, portée par une écriture alerte et un humour bienvenu. Ophélie Bruneau n’est pas tout à fait une inconnue, puisqu’elle exerce ses talents du côté de l’Armoire aux Epices et a déjà, si je ne m’abuse, participé à l’anthologie Malpertuis. Elle nous raconte ainsi les démêlés d’une expédition terrienne qui surgit dans un système inexploré au moment où ses habitants vont en venir aux mains – certes réduites à trois doigts – pour une petite question tournant autour de la propriété d’un satellite aux riches ressources minières.

Les aliens d’Ophélie ne manquent pas d’attraits, et notre auteur s’efforce de leur donner des caractéristiques spécifiques (système de reproduction tri sexuel où la notion de plaisir est absente, mode d’habitat très privé et quasiment inviolable par les forces de l’ordre…) mais ne les fait pas réfléchir d’une manière très différente de la nôtre. Ces petites bêtes (les Ruxis) demeurent en effet très humaines dans leur raisonnement, dans leur comportement, ce qui n’ira pas sans compliquer la vie des Terriens. Autre particularité sensible, l’absence de choc psychologique lors du premier contact entre les deux espèces. Les humains sont même à deux doigts d’encaisser un missile de bienvenue. Mais ces points ne retirent rien à la cohérence de l’histoire, je dirai même qu’ils concourent à la  rendre assez surprenante. Au niveau des personnages aussi, le non-conformisme est de rigueur. On pourrait s’attendre à ce que le lieutenant Artémisia soit l’héroïne centrale, mais elle passe rapidement au second plan, au profit du commandant Serrano et du major Tikosh qui prennent, au fil des pages, de plus en plus d’épaisseur. Jetés donc en pleine crise politique et économique dans ce système lointain,  seule l’addiction des Ruxis aux jeux vidéo offrira aux visiteurs une solution de sortie honorable. Ophélie Bruneau s’est clairement attachée à donner de la cohérence à son intrigue. Ainsi l’économie et la politique sont au cœur des échanges entre Ruxis et Terriens, et crédibilisent leurs relations.

Je ne sais pas si « Pour quelques gigahertz de plus… » est un space-opéra déjanté, mais je l’ai pour ma part trouvé enlevé, drôle parfois – l’auteur s’y livre à un humour un peu pince sans rire qui doit bien correspondre à sa personnalité – et jamais ennuyant. Je dirai pour conclure que nous tenons un bon Fleuve Noir ce qui, sous ma plume, est un compliment.

Je ferai tout de même une remarque à l’éditeur. Au regard du format, de l’illustration assez moyenne de couverture et des quelques coquilles qui subsistent dans le texte, le prix de vente, 20€, me semble plutôt dissuasif pour un livre qui mérite vraiment d’être découvert.


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Publié dans Romans, Science-Fiction | Permalien |

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