Emile Delcroix et l’ombre sur Paris – Jacques Fuentealba

[rating=4]

Emile Delcroix et l’ombre sur Paris

Jacques Fuentealba
Ed. Walrus (numérique)
3.49 euros

Emile Delcroix est un jeune artiste peintre, qui étudie à l’Académie des Beaux-Arsestranges. Sous le coup d’une inspiration géniale, il parvient un jour à donner vie à sa Muse. Malheureusement, celle-ci lui est aussitôt enlevée par un ravisseur. Depuis les catacombes de Paris jusqu’à l’impressionnante Cour chtonienne, en passant par les toits de la capitale, le jeune homme va tout tenter pour retrouver sa Muse. Mais c’est sans compter l’ombre inquiétante qui flotte sur la ville…

 

Les Beaux Arts Etranges.

Basé en 1863, le Paris d’Emile Delcroix est époustouflant. A la fois étrange et familier, il mêle références historiques et créatures magiques. Du nom des rues jusqu’à celui des restaurants, c’est un plaisir de s’orienter dans ce Paris singulier. Le cadre emprunte à l’uchronie, au steampunk, et même à la mythologie aztèque… et ça marche ! La capitale est colorée, foisonnante, cosmopolite, très loin d’un décor en carton pâte. Mais surtout, la ville vit au rythme des « arsestranges » : les golems se dressent entre les mains des sculpteurs, les peintres insufflent la vie à leurs esquisses, les acteurs emportent le public au cœur des pièces… Très respectueux du lecteur, Jacques Fuentealba met en scène un univers riche et intelligent, haut en couleurs.

C’est assurément la grande force du roman.

Sous les pavés, les bêtes à cornes

Familiarisé avec ses arcanes, on se laisse entraîner dans des lieux tous plus réussis les uns que les autres : dans un restaurant construit autour d’une flamme rouge, sous les combles ou sur les toits de Paris, dans les catacombes, sur les bords de Seine, à l’Académie des Arestranges pour découvrir des matières étonnantes, ou mieux encore dans la Cour chtonienne, sombre enfer peuplé de bête à cornes… Le mystère de l’ombre sur Paris est très séduisant et tout le long du roman, en marge de la quête d’Emile pour retrouver sa Muse, on se prend à rêver de cette ville flottante, menaçante…

Oh la belle bleue !

Rouge de cochenille d’Espagne, Ecarlate de Valachie, Jaune de Tournesol de Sicile, Vif-argent de Potosi…, ne sont que quelques-unes des couleurs maniées par notre héros peintre. Dans sa forme, le récit est travaillé, ambitieux, quoi que pas si simple à apprivoiser. Des constructions alambiquées m’ont ralenti, notamment au démarrage, mais passé les premiers chapitres, on épouse le rythme. Le style livre alors de belles performances, comme lors de la naissance de la Muse par exemple.

Hop, hop, hop, doucement, garçon !

En parlant de rythme, sachez que celui d’Emile Delcroix et l’ombre sur Paris est trépidant. Le récit est mené tambour battant et de très nombreuses péripéties attendent la petite bande de héros. Les événements se précipitent jusqu’à la fin, à la fois étourdissante, violente, séduisante, un peu abrupte aussi… Vous n’aurez guère le temps de vous poser.

Eustache : « Cuteness level : infinite… »

C’est la contrepartie d’un univers épatant, les personnages m’ont semblé plus ternes. J’ai peiné à m’attacher aux héros, en particulier à Emile, son égocentrisme me l’ayant rendu plutôt antipathique. Il court après sa Muse ou après l’élue de son cœur, mais se soucie assez peu des autres en dehors de ses propres désirs. Dommage… Heureusement, il est secondé par un adjuvant irrésistible : Eustache, le chat-homme, fera fondre tous les amateurs de félins ! Croqué avec justesse par un auteur sans doute grand ami des chats, ses apparitions sont un régal.

Emile Delcroix et l’ombre sur Paris est vendu au prix attractif de 3.49 euros (attention uniquement au format numérique.) Et l’ebook est bien réalisé, avec de jolies calligraphies ponctuant chaque chapitre.

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Ă€ propos de Arya

Chroniqueuse et auteur

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