Borderline n°14

[rating=4]

Bordeline N°14

Auteur: collectif
40 pages, 4 euros
ISSN 1778-1604

Je le reconnais, je ne suis qu’un sale vendu buveur de bière. Il suffit qu’une gente damoiselle me demande de chroniquer le Borderline N°14 (sous prétexte que ladite demoiselle a publié un texte à elle dedans) pour que je m’exécute. Ma déontologie de chroniqueur débutant résistera-t-elle à cet exercice ? Combien de pack de Duff devrais-je engloutir pour le mener à bout ? Vous le serez en lisant ces lignes (si ça c’est pas un teaser de chronique digne d’un blockbuster de chez Jerry Bruckheimer, moi je me mets à la Tourtel).

Borderline N°14 est un numéro spécial « vampires » et cela se sent dans les 7 textes présentés. Il y en a pour tous les gouts, des texte très sombres, d’autres plus léger et même un en forme d’essai sur le mythe vampirique. Comme tout lecteur de base, j’ai aimé certains textes, moins apprécié d’autres, mais force est de constater que la qualité globale des textes est assez haute. Et ça, quoi que ma langue de vipère (je n’ose écrire « ma plume vipérine ») dise ensuite, c’est une qualité indéniable de ce fanzine : il a largement la qualité de certaines antho amateurs et même pro (j’ai les noms, je peux les envoyer comme une enveloppe timbrée à votre adresse ainsi qu’un gros virement sur mon compte aux Iles Caiman).

Assez bavassé, rentrons dans le vif du sujet:
« En Haut, En Bas, tout sur les vampires » est un texte de Mort Castle traduit (avec brio) par Émilie et Céline Brenne. L’écriture a une forme assez étrange et déroutante, mais qui finit par capter le lecteur. À lire absolument pour l’exercice de style, même si l’aspect vampirique passe au second plan.
« Un Chemin dans la Noir » d’Aurélie Wellenstein montre une vampirette consciente de son addiction pour le sang et qui tente de la surmonter. Une très belle écriture très sombre mais qui pourtant finit sur une note d’optimisme au milieu d’un univers d’une noirceur absolue. Soyons honnête, ce texte est l’un de mes chouchous dans ce numéro.
« Victoire » de Florence Cochet montre les rapports difficiles dans un couple à la suite de la naissance de leur fille, un enfant qui paraît bien particulier. Bon… Soyons franc, je n’ai pas accroché du tout. Le glissement de point de vue m’a clairement gêné et la fin tombe vraiment à plat (pour un texte à chute, c’est embêtant).
« Chez René » d’Olivier Boile, montre un étrange et inquiétant garagiste. Le texte se veut parodique mais il échoue dans cet objectif. Il m’a ainsi laissé dans une perplexité abyssale si profonde qu’en comparaison la Fosse des Mariannes ferait figure de pédiluve. Mais l’avis n’engage que moi et l’abus de Duff-Cointreau pendant les fêtes est probablement pour beaucoup dans ma réceptivité à ce texte.
« Vampire, vous avez dit » de Jérôme Charlet se présente comme un dialogue avec un étrange personnage exagérément gothique. Mais bien vite, le discours devient essai sur le thème du vampire, ses origines, ses variantes et ses implications dans la culture occidentale et l’Histoire (avec un grand H s’il vous plait). Un seul défaut : c’est trop court et on se surprend à regretter de voir si rapidement se terminer un si complet exposé (par ailleurs fort bien renseigné). Mon second chouchou du numéro, sans l’ombre d’un doute.
« Ignace et Léa » de Lilia Kessens compte les relations entre une jeune fille et son colocataire aux dents longues. Le ton est sympa, rafraichissant et un peu décalé. À l’ombre des textes précédents succède la légèreté d’un vampire sympa et carrément paternaliste. L’écriture peut sembler un peu verte et quelques incohérences émaillent le récit, mais l’un dans l’autre le lecteur y trouve son compte pour passer un agréable moment en lisant ce texte.
« Rapport d’Admission » d’Ursula Chenu raconte la « seconde naissance » d’une jeune fille mordue par une vampire. Cruelle déception que ce texte. La plume est énergique, colorée, vivante et l’auteur parvient à planter rapidement un personnage crédible et attachant, mais la trame narrative est pour le moins inexistante. Comme le souligne Vanessa Terral-Lamazère dans son édito, le texte louche beaucoup du côté du Jeu de Rôle « Vampire » de chez White Wolf. Il y louche probablement de trop car de telles histoires, on en a lu des centaines et des centaines. Moralité : je me suis ennuyé ferme passé le premier paragraphe. Mis au service d’une vraie histoire, le style de l’auteur aurait pu donner une grande nouvelle plutôt que ce ramassis de clichés, ce qui m’aurait évité de conclure la critique sur une note négative et de noyer mon chagrin dans un demi de Duff Vodka (1/3 de Duff, 2/3 de Vodka).

Un dernier mot sur les illustrations. Je ne parle pas des photos que certains auteurs ont mis à côté de leur biobliographie et qui prouvent que Facebook n’est pas le seul endroit où coller des photos loupées. Non, je parle de la superbe couverture et des illustrations intérieures en noir et blanc. J’en tombe à genoux tellement c’est beau, sombre et magnifique à la fois. Un grand coup de chapeau (enfin de casquette avec le logo Duff) à Paul Gerrard, Alan Lathwell et Hunger Artists, c’est tout bonnement fabuleux.

En conclusion : ne boudez pas votre plaisir avec ce numéro de Borderline qui vous éclairera fort élégamment sur ces monstres familiers que sont les saigneurs de la nuit (non, ce n’est pas une faute de frappe). Et tout ça pour seulement 4 euros, alors qu’attendez vous ?

Publié dans Revues - Fanzines | Permalien |

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