American Psycho
Auteur: Bret Easton Ellis
Editions 10/18
526 pages
Prix : 9,50 euros
ISBN-10: 226403937X
ISBN-13: 978-2264039378
Octobre 1987 à New York, un peu avant le boursier krach historique. Patrick Bateman est un brillant golden boy de 26 ans. Riche, brillant, habitué des plus hautes sphères de la société, il fréquente les endroits les plus chics et les boutiques les plus luxueuses. Mais Bateman a un autre visage : il tue, il viole, il torture. Psychopathe froid et monstrueux, il ne connait aucune limite, s’attaquant à tout ce qui provoque sa colère : des animaux, des clochards puis des collègues et des prostituées. Patrick Bateman est pourtant aussi doté d’une humour froid et d’un certain charme : c’est d’ailleurs lui-même qui vous raconte sa vie… et ses meurtres.
J’avais tout entendu sur ce livre : monstruosité, apologie de la violence, cruauté gratuite, pornographie… Ou au contraire, chef d’Å“uvre. Je l’ai donc lu pour me faire ma propre opinion et force est de constater que les deux points de vue sont totalement justifiés.
Mais replaçons un peu le contexte : ce roman est le troisième livre de Bret Easton Ellis. Ecrivain surdoué, il a publié son premier livre Moins que Zéro à 21 ans, avec une grande part autobiographique selon lui-même. Le manuscrit d’American Psycho a été refusé par l’éditeur d’Ellis qui lui avait pourtant versé une avance colossale de 300 000 dollars. Finalement publié, le livre sera un succès et sera adopté en film en 2000 avec un acteur alors peu connu dans le rôle de Patrick Bateman : Christian Bale.
Mais revenons sur le livre. Personnellement, j’ai beaucoup aimé. Le style d’Ellis est fluide, il coule naturellement et se lit sans effort. Bateman évolue dans un monde creux et artificiel chargé d’hypocrisie et où les apparences sont reines (qui aura une réservation dans le nouveau resto à la mode, qui a la plus belle carte de visite). Ulcéré par son univers qu’il déteste, Bateman ne parvient pas à contrôler sa colère et lui donne libre cours. Et là , autant être franc, c’est très violent. Sanglant. Brutal. Gore. Après le premier meurtre (un clochard et son chien) autour de la page 80, les choses vont crescendo et l’horreur des crimes aussi. Une telle débauche de violence peut choquer plus d’un lecteur tant sa description en est crue et méthodique : Bateman aime ce qu’il fait et il n’est pas avare de détails. Curieusement, si l’on « passe le cap » des trois premiers massacres, la violence se banalise et devient un élément « standard » de la narration (un peu comme la cruauté gratuite des épisodes de « Itchy & Scratchy » que regardent Bart et Lisa Simpson). Et c’est là que la subtilité et l’intelligence de l’écriture de Bret Easton Ellis apparaissent. Car Bateman est un personnage plein de contradictions et un narrateur peu fiable. Sans spoiler la fin qui m’a laissé sur le cul (j’étais assis, donc je ne garde aucune séquelle, Dieu Merci), on découvre petit à petit que le monstrueux serial killer n’est pas forcément celui que l’on croit.
En bref : si vous arrivez à passer le « cap critique » de la violence extrême de ce livre, la claque littéraire est assurée, vous vivrez une expérience de lecteur rare. Mais nombreux seront ceux qui n’iront pas jusque là , horrifiés (à juste titre il faut le dire) par les scènes décrites. Un « livre culte » donc, à réserver aux lecteurs avertis.