Chronique rédigé par Yves-Daniel Crouzet
Masques de femmes
Elie Darco et Cyril Carau
Les Editions du Calepin Jaune, 2009
Collection Absinthes
230 pages avec 13 illustrations intérieures
14,80 x 21 cm
ISBN : 978-2-917372-16-6
prix : 19,60 €
Je fais partie des veinards qui ont lu Masques de Femmes d’Elie Darco et Cyril Carau paru en début d’année aux éditions du Calepin Jaune.
Pourquoi veinard ? Eh bien, tout simplement, parce que la diffusion en a été malheureusement bien trop confidentielle au regard des qualités de l’ouvrage !
Je m’explique…
Tout d’abord, ce qui est formidable avec les écrits d’Elie Darco et de Cyril Carau, c’est qu’ils sont toujours superbement écrits. Le mot est précis, juste et évocateur. L’image subtile. Le rythme fluide et envoûtant.
Bref, c’est riche et goûteux.
Mais attention, riche ne veut pas dire lourd et indigeste. Nous n’avons pas là à faire à une tambouille grasse et bourrative, mais à une préparation savamment dosée où chaque ingrédient est pesé avec soin, chaque épice saupoudré avec délicatesse et amour.
C’est riche, mais fin (« Et ça se mange sans fin ! », je sais !)
Le contenu du recueil maintenant : treize (un hasard ?) nouvelles fantastiques, subtiles souvent, explicites parfois, et non dénuées d’humour aussi. Des nouvelles où l’érotisme est aussi présent, car que serait Eros sans Thanatos ?
Sur ces histoires plane l’ombre de Lovecraft, de Stoker, mais aussi d’auteurs plus récents comme Clive Barker. On y retrouve les grands thèmes classiques du fantastique (vampires rêves prémonitoires, races pré-humaines et démons et divinités très anciennes…)
Le plaisir de la lecture est là , toujours, et tant pis si certaines nouvelles sont parfois un peu trop elliptiques (« Les nécropoles du destin ») ou si Cyril se laisse emporter par un tourbillon de sang et de cyprine (« Sous les masques »).
En lisant ce recueil, je me suis dit que, rarement, j’avais rencontré une telle élégance de style, des qualités littéraires aussi proches de celles qu’on accorde habituellement à la « grande littérature » !
De belles lettres mises au service de la « littérature bis », cela mérite quand même d’être mentionné, non ?
Une mention toute spéciale à deux récits que j’ai adorés : « L’origine du monde » et « Le témoignage de Natalia ».
Mon propos ne serait pas complet si j’oubliais d’évoquer les illustrations de ce recueil. Illustrations à quatre mains encore puisque ce sont nos deux auteurs, également dessinateurs confirmés, qui s’y collent.
Outre la flamboyante (et envoûtante) couverture d’Elie, chacune des nouvelles est illustrée du graphisme délicat et précis d’Elie Darco ou de celui, plus tourmenté, de Cyril Carau.
Chanceux, je vous dis !
Les passionnés de littérature fantastique qui ne l’ont pas été autant que moi, devront attendre une réédition.
 Une réédition que j’espère très prochaine !
(réédité en 2011 chez Sombres Rets)