L’Alchimiste des Ombres
(Les Lames du Cardinal, Tome 2)
Auteur: Pierre Pevel
Bragelonne, 2009
330 pages, 20 euros
ISBN: 978-2-35294-253-5
En 1633, alors que Louis XIII règne sur la France, les dragons menacent le royaume. Travestis en humains par sorcellerie, ils complotent par le biais de la Griffe Noire, une puissante sociĂ©tĂ© secrète. Pour contrer leurs machinations, Richelieu a rĂ©uni une Ă©quipe clandestine de bretteurs et d’aventuriers : les Lames du Cardinal. Tandis qu’une belle et dangereuse espionne italienne les contacte en prĂ©tendant dĂ©tenir des informations capitales au sujet des plans de leurs ennemis, ils comprennent qu’ils vont devoir faire face Ă un adversaire de taille : l’Alchimiste des Ombres, le plus redoutable des agents de la Griffe Noire.
En quelques livres (les 3 tomes du cycle de Wieldstatdt en particulier) Pierre Pevel a su imposer un ton bien Ă lui, en forme de fantasy uchronique sur fond de « capes et d’Ă©pĂ©es ». Dans « les Lames du Cardinal », la rĂ©fĂ©rence Ă Alexandre Dumas est aussi Ă©vidente qu’appuyĂ©e. Dans l’Ă©poque mais aussi dans les seconds rĂ´les : si l’on croise d’Artagnan et Athos, on voit plus encore leur cĂ©lèbre rival Rochefort, capitaine des gardes du Cardinal. Ce mimĂ©tisme « dumastesque » ne s’arrĂŞte pas lĂ . Dans le style tout d’abord, car Pevel a choisi d’Ă©crire son roman « à la Dumas », usant d’un vocabulaire un peu dĂ©suet. De plus, les chapitres sont organisĂ©s Ă la façon du père de d’Artagnan, l’histoire courant sur plusieurs fils (un par personnage ou presque) et rebondissant de l’un Ă l’autre lors de passages courts et Ă©nergiques. L’effet « roman-feuilleton » fait mouche et on se surprend Ă dĂ©vorer les pages pour dĂ©couvrir ce que devient le hĂ©ros qu’on a parfois laissĂ© en bien fâcheuse posture.
En faisant la fine bouche, on pourrait reprocher aux protagonistes de manquer d’originalitĂ© et de relief : le vieux capitaine pĂ©tri de bravoure et d’honneur, le gascon bagarreur et coureur de jupons, la jeune fille de bonne famille qui joue les garçons manquĂ©s… Mais finalement, c’est le style qui veut ça. Car c’est bien lĂ , un roman-feuilleton, et ces stĂ©rĂ©otypes en font partie. L’auteur l’a parfaitement compris et en a usĂ© avec justesse et subtilitĂ©, si bien qu’il est facile de se laisser sĂ©duire par ces personnages hauts en couleurs qui nous semblent familiers. Au final, on a le sentiment de tenir dans les mains ce qu’aurait pu faire Dumas s’il avait connu la fantasy.
Pour ĂŞtre honnĂŞte, j’adore ce qu’Ă©crit Pierre Pevel, et je guettais ce second volume avec impatience. Le tome I du cycle de Wieldstadt (Les Ombres de Wieldstatd), avait Ă©tĂ© une vraie claque pour moi, mais j’avoue que j’avais jugĂ© ses suites un chouya en dessous, probablement parce que j’en attendais trop. Allais-je subir une dĂ©ception similaire ? La rĂ©ponse est non, et je classe cet « Alchimiste des Ombres » dans mon top 5 personnel des lectures de cette annĂ©e.
Courrez donc acheter ce bouquin et si la boutique est fermĂ©e, campez devant jusqu’Ă son ouverture. C’est la seule conduite raisonnable Ă adopter.
Une dernière chose : les Lames du Cardinal a Ă©tĂ© traduit dans la langue de Shakespeare pour ĂŞtre exploitĂ© par un Ă©diteur anglo-saxon. Une première dans l’histoire de la fantasy française.