Face aux dĂ©mons – Etienne Bar

[rating=3]

Face aux DĂ©mons

Auteur : Étienne Bar

Éditions Libreterre 

2012

526 pages
6,99€  (epub) – 15€ (papier)

 

Fronin est un guĂ©risseur Ă©drulain. Il se dĂ©voue Ă  son art, mais se retrouve parfois malgrĂ© lui entraĂ®nĂ© dans les conflits qui agitent les Ă®les des Folandes… Missions d’espionnage, d’ambassade, bataille et jeu de pouvoir… Ce roman raconte aussi les relations sentimentales entre les très nombreux personnages. S’inscrivant dans la continuitĂ© d’un Ă©crit prĂ©cĂ©dent de l’auteur, ce roman est annoncĂ© comme pouvant ĂŞtre lu indĂ©pendamment.

 

Commençons par ce qui fâche… Pour moi, ce roman est clairement une suite et non une histoire pouvant totalement ĂŞtre apprĂ©hendĂ©e sans rien connaĂ®tre de l’univers de l’auteur.

Pour preuve, l’aporie descriptive qui transparait de l’ensemble de l’ouvrage et qui gĂŞne la prise en main de l’intrigue, surtout au dĂ©but. Le monde des Folandes est riche de races très diffĂ©rentes, pas forcĂ©ment courantes dans la fantasy et pourtant l’impasse est faite sur les descriptions qui auraient donnĂ© du relief Ă  tout ce beau monde. Ainsi les Taurins sont des hommes-taureaux, les Kitlings, des hommes-chats, les dragons sont des dragons, les dĂ©mons sont des dĂ©mons, mais on n’en saura pas plus, rien sur leur forme, leur grandeur, leurs appendices… D’autres ont seulement une vague Ă©tiquette qui ne permet pas davantage de se faire une idĂ©e de leur aspect, c’est le cas, par exemple des ennemis sangrelins. (J’apprends, enfin ! dans les derniers chapitres que ceux-lĂ  sont laids et ont la peau grise. Volfeu est un dragon dorĂ©, mais cela je ne le sais aussi que dans les trois derniers chapitres…)

Autant dire que pour un monde bien construit, tel que celui-ci, riche et original, le dĂ©but du rĂ©cit manque de matière et de saveur. Car hĂ©las, il en est de mĂŞme pour d’autres aspects manquant d’explications (Que sont les Édrulains ? La hiĂ©rarchie au sein de ceux-ci ? Comment les femmes accouchent de dragons ? Qui sont les Servants…) et pour lesquels on sent aussi que la lecture du prĂ©cĂ©dent ouvrage de l’auteur aurait Ă©tĂ© nĂ©cessaire. De mĂŞme, il m’est apparu très difficile de juger de l’histoire politique, des guerres de frontières, des possibles invasions, sans avoir une carte prĂ©sentant les nombreuses Ă®les, villes, contrĂ©es mentionnĂ©es dans le texte. Un index des personnages nous aide Ă  y voir clair, mais il semble un petit peu incomplet si je crois la mention absente de « Amalon », l’un des rois mĂŞlĂ©s au jeu de pouvoir.

Heureusement, passé un bon tiers du livre, on finit par reconstituer mentalement la géopolitique de l’ensemble et se faire une idée des enjeux de ces machinations afin de comprendre l’action du récit. Considérant les relations entre les personnages, celles-ci sont plus facilement intelligibles, car centrées sur Fronin, le principal héros du roman. Les personnages sont assez attachants et leurs réactions cohérentes.

Concernant la forme que prend le texte, il est intéressant de faire remarquer celui-ci est écrit bien correctement, riche en dialogues et original par le choix du point de vue narratif. En effet, à chaque nouvelle sous-partie, l’un des personnages se fait narrateur principal, dit « je » et nous fait vivre l’action selon son point de vue. Si elle est un peu déstabilisante au début, cette théâtralisation est gage de dynamisme dans la narration et on aura par exemple plaisir à voir certains personnages user d’un jargon particulier, une façon de rendre compte de ce qu’ils voient ou font qui leur est propre.

L’histoire, en elle-même, renferme plutôt, à première vue, une série d’épisodes qu’une seule intrigue s’étirant sur la totalité du livre. Cependant, dans les chapitres finaux, on verra des pièces du puzzle, jusque-là isolées, se mettre en place harmonieusement.

Nombre d’aspects font de ce récit une invite à découvrir l’univers de l’auteur, les mœurs libres sur Libreterre à l’opposé des coutumes de plusieurs autres peuples. La vision très humaniste de cette confrérie. Les religions et croyances des uns et des autres. Les liens entre magie et dragon, sorcier et démon. Librement inspiré de notre monde, sans copier-coller de nos propres conflits, mélangeant beaucoup d’éléments, l’auteur a réussi à rendre le tout réaliste et concret.

Il n’en reste pas moins que je conseille fortement aux lecteurs de lire tout d’abord La Ballade de Fronin.

 

Publié dans Romans | Permalien |

Ă€ propos de Dulkera

Webmestre d'OutreMonde. Auteure et illustratrice.

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