EvadĂ©s de l’Enfer ! – Hal Duncan

[rating=5]

Auteur: Hal Duncan (traduction de Florence Dolisi)
FolioSF n°382, 2010 (20058 pour la version originale)
216 pages,
ISBN: 978-2-07-043825-9

Elis est un clochard Ă  la vie brisĂ©e, il dĂ©cide un soir de mettre fin Ă  sa triste existence. Seven est un tueur Ă  gages sociopathe, mais il trouve plus fort que lui et meurt criblĂ© de balles. Belle est une prostituĂ©e dĂ©sireuse de fuir son mac, fou de rage celui-ci la tue avec ses poings. Quant Ă  Matthew, il est homosexuel et a fait une très mauvaise rencontre qui l’a laissĂ© brisĂ© et agonisant. Il voit sa vie se terminer dans la salle d’urgence de l’hĂ´pital oĂą il a Ă©tĂ© conduit.
Mais si la vie a Ă©tĂ© impitoyable avec ces personnages, la mort leur sera encore plus difficile. Conduits dans un New York de cauchemar, ils seront mis face Ă  face avec leurs pires dĂ©mons et leurs plus profondes peurs. Ils sont en Enfer. Rien de pire ne peut leur arriver ? Bien sĂ»r que si, car mĂŞme ici on peut mourir et tomber encore plus bas. RĂ©unis par les circonstances, ils vont choisir de rĂ©sister et de combattre. Une lutte perdue d’avance… Ă€ moins qu’il ne dĂ©couvre un alliĂ© inattendu en la personne du plus ancien prisonnier de ce lieu.

Si je vous dis « Hal Duncan », vous allez tous rĂ©pondre en cĹ“ur « VĂ©lum » et vous aurez raison. Ce jeune auteur Ă©cossais s’est en effet fait connaĂ®tre par son dyptique « le Livre de toutes les Heures », Ĺ“uvre complexe et ambitieuse de plusieurs milliers de pages. Avec « ÉvadĂ©s de l’Enfer ! », le positionnement est totalement diffĂ©rent, presque aux antipodes. LĂ  oĂą VĂ©lum jouait sur les digressions multiples, se plaisant Ă  montrer la mĂŞme histoires sous diffĂ©rentes facettes, ce court roman joue avant tout dans un registre punchy et efficace, très brutal, Ă  des lieues de la lenteur contemplative de VĂ©lum. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que le rĂ©sultat est bigrement efficace. Il est en effet difficile de lâcher ce petit livre au rythme rapide qui ne laisse pas son lecteur souffler une seule seconde. Ce n’est pas une action gratuite et gavĂ©e artificiellement aux stĂ©roĂŻdes car l’Enfer dĂ©peint ici est bigrement crĂ©dible, horriblement proche du monde rĂ©el et terriblement sombre. En rĂ´liste indĂ©crottable, le parallèle avec « l’Inferno » du jeu de rĂ´le Kult m’est souvent venu en tĂŞte, mais Duncan rĂ©ussit Ă  construire un monde cohĂ©rent tout en se rĂ©appropriant le folklore religieux occidental. Sauf qu’ici, tout est sombre, noir, corrompu, et le Mal n’est pas forcĂ©ment lĂ  oĂą on l’attend surtout quand Dieu le Père ne fait pas figure de patriarche indulgent mais bel et bien de despote intolĂ©rant et injuste. Le style est d’une grande originalitĂ© et on sent que l’auteur a parfois « joué » avec certains procĂ©dĂ©s expĂ©rimentaux Ă©tranges comme des passages entiers Ă  la seconde personne (comme si le lecteur devenait acteur dans le livre, un procĂ©dĂ© propre au Nouveau Roman). Le rĂ©sultat dĂ©coiffe et l’on se surprend Ă  vouloir lire tout cela d’un trait. A lire absolument.

Publié dans Romans | Permalien |

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